Putain de montagne qui me manque
Sur mon lit il ne reste plus rien. J'ai retiré mes draps, mon oreiller tant chéri, ces objets indispensables qui ornaient cette pièce. Ma pièce. Deux trois photos, des posters, quelques CDs, mon radio réveil que je me suis toujours empressée d'éteindre, ma lampe de chevet, tombée une dizaine de fois de mon lit, qui lui date de ces années maternelles. Dans ma chambre il ne reste plus rien. J'ai pris mes affaires, tout jeté dans un pauvre sac. Je suis là dedans, je me suis dit. Je pars. Jolie petite histoire.
Au revoir petit lit, duquel j’apercevais les étoiles en ces beaux jours d'été, quand je laissais mes volets ouverts, duquel j'accueillais mes chats réclamant des câlins après avoir grimpé jusque ma fenêtre. Dans lequel j'ai dormi, serrant fort la main de ma soeur après le cambriolage, depuis lequel je pouvais voir les parents rire en ces soirs de réceptions dans la véranda. Putain d'enfance, tu sembles si loin désormais. Me voilà dans un sac Leclerc, prêt à être vidé dans une nouvelle chambre, un nouvel appartement, une autre ville, un nouveau monde. Une nouvelle vie.
Je me sens lourde, plus que jamais mes épaules me pèsent. Tous ces souvenirs pré-bac, sont si éloignés, et le thé à la menthe qu'on prenait dans la véranda, je le revivrai ? Et le bus de 7h33, ce putain de bus, je le reprendrai ? En vidant cette chambre qui me suit partout depuis près de 10 ans, ou moins, ou plus, je ne sais plus, j'ai l'impression de me vider moi même de tout ces souvenirs qui hantent ces lieux. Chaque chose à son histoire. J'ai l'impression que je dois me vider de ces souvenirs pour pouvoir vivre, et survivre, changer, partir, commencer, recommencer, parler, observer, rencontrer. Putain de sablier, tu te vides trop vite.